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Rencontres MoDaL : A la découverte de la plate-forme Neurinfo, avec Isabelle Corouge 

Un article de Sofia Strubbia pour le projet MoDaL

Isabelle COROUGE

Isabelle COROUGE

Que ce soient des données de génomique, d’imagerie in vitro ou in vivo, de modèles animaux ou végétaux, les données en sciences de la vie sont aujourd’hui pour la plupart traitées “en silos”. Le projet fédérateur MoDaL (Multi-Scale Data Links), porté par le réseau Biogenouest, vise à décloisonner les ressources et à promouvoir les moments d’échange et de travail collaboratif autour de l’intégration des données biologiques multi-échelles. Le but de ces rencontres est de découvrir la diversité des profils de la recherche en biologie et en santé dans le Grand Ouest.

J’ai rencontré Isabelle Corouge pour les rencontres MoDaL le 26 octobre 2020 et nous avons parlé d’images multi-modales et d’interopérabilité dans le domaine des neurosciences.

Présentation et parcours scientifique : 

Ingénieure de Recherche à l’Université de Rennes 1 depuis 2009, Isabelle Corouge a acquis une expertise dans le traitement d’image pendant sa thèse de doctorat au sein de l’Université de Rennes 1 sur des IRM de structures cérébrales pour l’étude de la matière grise. Elle a poursuivi son parcours par un post-doctorat à l’University of North Carolina, Chapel Hill, aux États-Unis sur l’étude de la matière blanche.

Aujourd’hui Isabelle Corouge est responsable technique de la plate-forme Neurinfo.

Le cerveau, en images :

Parmi les équipements présents au sein de la plate-forme Neurinfo, trois sont particulièrement récents et novateurs :  

  • Imageur par résonance magnétique (IRM), utilisé pour les soins cliniques et pour la recherche
  • Électro-encéphalographe (EEG) pour la mesure de l’activité électrique du cerveau, pouvant être utilisé hors et sous-IRM
  • Spectroscope dans l’infrarouge proche (NIRS) pour l’étude des variations hémodynamiques, ie. des variations des concentrations en oxy- et deoxy-hémoglobine consécutives d’une activité cérébrale. Cet équipement NIRS est également compatible IRM.

Ces équipements peuvent travailler couplés (à deux ou à trois) pour avoir un maximum d’informations complémentaires sur un seul sujet en même temps. 

Les données produites incluent donc la morphologie cérébrale, l’activité neuronale du patient ou encore la quantification des paramètres hémodynamiques. Ces informations peuvent se révéler précieuses pour les médecins en réanimation, mais aussi pour la rééducation des patients suite à un AVC dans des études de neuro-feedback où les activités cérébrales du patient sont monitorées alors qu’on lui demande d’imaginer des actions capables d’activer certaines zones du cerveau. 

Parmi les applications cliniques possibles, la psychiatrie est un autre domaine qui peut bénéficier de ces technologies, en particulier pour travailler avec des patients atteints de dépression résistante, qui ne répondent pas à un traitement médicamenteux. Ces techniques permettent en effet de stimuler des zones cérébrales particulières, comme l’amygdale, impliquée dans la reconnaissance et l’évaluation de la valence émotionnelle des stimuli sensoriels, dans l’apprentissage associatif et dans les réponses comportementales et végétatives associées en particulier dans la peur et l’anxiété. 

Un exemple d’outil facilitant l’interopérabilité :

Shanoir (Sharing NeurOImaging Resources) est une application open source conçue pour partager, archiver, rechercher et visualiser des données de plusieurs modalités en neuroimagerie, sur l’homme et le petit animal. Shanoir permet de partager ces données de santé de façon sécurisée dans des projets multicentriques à grande échelle. Il est également doté de nombreuses fonctionnalités telles que l’anonymisation des données pour les études cliniques à l’échelle nationale.

Avec Shanoir, la plate-forme Neurinfo héberge  des données provenant de plus de 60 sites répartis sur l’ensemble du territoire français et favorise ainsi l’interopérabilité des systèmes de gestion et d’analyse d’images médicales.

La visibilité nationale de Shanoir a dernièrement été renforcée par son déploiement dans France Life Imaging (FLI), infrastructure en Biologie et Santé créée en 2012 pour promouvoir et harmoniser les technologies innovantes en imagerie biomédicale.